En Provence, le terme clue désigna un passage étroit, creusé par un torrent perpendiculairement à un massif montagneux, apparemment infranchissable. Autre nom de cluse, ce mot vient du latin clausus qui signifie fermé. La Clue de Sisteron se loge entre le rocher de la Baume et celui de la citadelle. Ces formations géologiques sont nées pendant l’Ère secondaire lorsque de grandes quantités de sédiment calcaire se sont déposées ici au fond de la mer. Les couches sédimentaires ont été ensuite plissées à deux reprises : à la fin de l’Ère secondaire lors de la mise en place de grands plis orientés est-ouest : Montagne de Lure, Mont-Ventoux ; puis durant l’Ère tertiaire pendant la surrection des Alpes. La Durance, véritable fleuve au régime torrentiel, a fini de creuser ici un de ces plis jusqu’à son cœur, composé de marnes noires plus tendres. Le flanc inverse, constitué de strates plus dures (calcaire tithonique) a mieux résisté à l’action des eaux du torrent, ne laissant qu’un étroit passage : la clue. La clue de Sisteron est aussi une porte. Porte climatique : en aval commence l’aire d’implantation de l’olivier ; une porte historique : du Dauphiné, elle permet de passer en Provence. C’est également un passage obligé pour les voies de communication. C’est à Sisteron que fut sans doute érigé le premier pont de pierre sur la Durance au XIIIe siècle. Depuis, route, canal et autoroute ont été contraints d’emprunter ce site exceptionnel.