Sentinelle sur la Durance, la citadelle de Sisteron contrôle la clue qui sépare le haut et le bas pays : le Dauphiné et la Provence. On ne sait à quelle époque fut érigée la première fortification sur ce piton rocheux.
Le rempart supérieur, le chemin de ronde et le donjon ont été construits au XIIIe siècle à l’instigation des comtes de Provence. Entre 1590 et 1597, suite aux guerres de Religion, durant lesquelles Sisteron subit deux sièges, Henri IV charge son ingénieur militaire Jean Érard de créer une place forte moderne. C’est probablement à celui-ci que l’on doit l’essentiel de la fortification actuelle. À la fin du siècle suivant, suite à l’invasion de la haute Durance par les troupes de Victor-Amédée de Savoie, Louis XIV donne ordre à Vauban de concevoir une ligne de fortifications sur la frontière est du royaume. Malgré un projet initial ambitieux, la citadelle, qui est une place de seconde ligne, ne sera finalement dotée que d’une poudrière et d’un puits amélioré. Dans les années 1840-1860, les courtines sont rehaussées, l’enceinte nord est remaniée et un spectaculaire escalier de 350 marches est taillé dans le roc pour rejoindre la porte du Dauphiné. Point sommital de la ville, la citadelle écrase de sa masse minérale les toits de tuiles colorées de Sisteron. Durant des siècles, la cité a vécu au rythme des garnisons.
Une première cloche fut installée en 1366. Elle sonnait le début et la fin des travaux de la campagne et, jusqu’en 1841, le couvre-feu à 10 heures du soir. Temps civil et temps militaire étaient alors intimement liés. En 1403, une première horloge entière - qui marquait 24 heures - vint affiner le découpage temporel. Elle fut remplacée en 1417 par une demi-horloge elle-même renouvelée au XVIIe siècle. L’horloge de la citadelle semble avoir disparu au XIXe siècle, mais aujourd’hui, la sirène placée dans le donjon alerte toujours la population en cas d’accident de la route ou de feu de forêt.