Dominant la vallée des Duyes, le village de Thoard est bien représentatif de l’habitat groupé de Haute-Provence. Perché sur un piton, il fut durant des siècles un poste défensif redoutable. L’étymologie parait en attester. Son nom viendrait de turris ardua qui signifie tour élevée.

Au sommet du piton rocheux, la tour médiévale (XIIIe siècle) couronnée d’un clocher est accolée à l’église Saint Blaise elle-même proche du puissant château seigneurial en grande partie détruit au siècle dernier. Les trois autorités traditionnelles sont là : militaire, religieuse et civile.

Autour de ces bâtiments, les rues s’organisent de façon plus ou moins concentrique intégrant les aléas de la pente. Les îlots des maisons dessinent la forme d’une amande, la pointe dirigée vers la vallée, telle la mandorle entourant le Christ dans les représentations médiévales.

Au sud, de nombreux jardins suivent le tracé des anciens remparts disparus. Les maisons sont hautes et puissantes, très serrées, bâties en pierre, parfois légèrement cintrées pour épouser la forme de l’enceinte. Le nombre important des étages - jusqu’à cinq - s’explique par des moments de forte poussée démographique dans un village entouré de remparts qui ne pouvait se développer qu’en hauteur. En 1728, Thoard comptait 256 chefs de famille et ne disposait que de 160 habitations.